Vertus de l’huître plate : espèce ingénieure de l’écosystème, et nourricière de l’Homme
Histoire – Un patrimoine à préserver :
– L’huître plate, ostrea edulis fait partie de notre patrimoine. Présente depuis des dizaines de millions d’années, l’huître plate sauvage, est la seule huître native de nos côtes. C’était la seule huître connue en France jusqu’au siècle dernier. Aujourd’hui c’est une espèce inscrite sur la liste des espèces en risque d’extinction par manque d’habitat de l’OSPAR.
– ARPROE participe à rétablir sur nos côtes les récifs disparus, habitat nécessaire à la régénération de cette espèce endémique et au développement de l’importante biodiversité qui l’entoure.
– L’ostrea edulis est une espèce ingénieure qui structure son habitat : des récifs, sous l’estran[i]. Ses récifs favorisent, comme les coraux en zone tropicale, le développement d’une importante biodiversité[ii], mais ceux-ci ont quasiment disparu. L’Ifremer dans son projet Forever, a montré que leur régénération[iii] était possible. La NORA organise chaque année le partage des connaissances et avancées scientifiques en matière de régénération des récifs d’ostrea edulis.
– La régénération des récifs d’ostrea edulis est essentielle pour maintenir l’équilibre écologique et assurer la survie des espèces qui en dépendent.
Vie des récifs d’ostrea edulis:
Nous vivons en colocation dans notre cité merveilleuse : avec mes copines il nous faut 10 ans pour construire notre habitat, ouvert à tout un peuple marin.
Cependant, nous avons besoin de bâtir notre colonie sur des fondations durables. Nos amis d’ARPROE nous fournissent les moyens de rétablir nos récifs sauvages quasiment disparus à ce jour.
Il faut dix ans pour rétablir un récif sauvage d’ostrea edulis, un habitat quasi disparu aujourd’hui.
Dès la quatrième année, les récifs sauvages alors régénérés, deviennent productifs et ouverts à une pêche raisonnée en plongée.
La régénération des récifs se fait, sans plastique, sans émission de gaz à effet de serre, sans besoin en eau et sans apport en nourriture. Privée de son habitat, une espèce est menacée d’extinction.
L’artisan occupant de ces récifs : l’huître plate – ostrea edulis.
On m’appelle en latin Ostrea « huître » et edulis « bonne à manger », je dirais même que je suis délicieuse.
Je suis un mollusque à deux coquilles, voyez-vous le beau feuilletage dont je suis parée ? – Avec une valve creuse qui m’abrite et une valve qui me cache, mais là on parle de mon intimité.
– L’ostrea edulis est un mollusque marin, bivalve , à la coquille circulaire feuilletée. Une valve creuse qui abrite l’animal et une valve plate.
– C’est l’huître indigène des côtes européennes, de la Norvège aux cotes nord-africaine, et en méditerranée.
– Les huîtres plates peuvent dépasser 20 cm et ont des longévités de plusieurs dizaines d’années : Baptisée « Rowena », une huître plate pesant 2,075 kg, longue de 18,8 cm et large de 15 cm était visible au pavillon tempéré d’Oceanopolis. Elle a été pêchée sur le plateau de l’archipel des Minquiers par Bertrand Rowe en 2015.
– En étudiant son anatomie on constate l’absence de tête et de radula , une bouche entourée de deux palpes labiaux , capte les particules en suspension. Les huîtres plates se nourrissent en filtrant l’eau. Ses branchies lamellaires servent à sa respiration et à son alimentation. – Elles sont tapissées de cils qui créent un courant d’eau au-dessus des branchies.
Je suis une vraie maman, mes petits je les couve à l’abris de ma coquille, ce qui n’est pas commun chez les huîtres.
– L’ostrea edulis est hermaphrodite[1]. En juin – juillet, les mâles émettent des gamètes, ces derniers sont filtrés par les femelles, qui sont alors fécondées dans la cavité de leur manteau. L’huître a sur cette période, une apparence laiteuse. L’ostrea edulis à un côté « maternel », elle conserve ses larves, incubées dans sa coquille, pendant 7 à 10 jours, avant de les émettre dans le milieu naturel.
La formation des récifs régénérés et biodiversité :
– L’ostrea edulis est une espèce d’huître dite d’eau profonde. Immergée, en majorité entre 5 et 15 mètres de fonds, où elle structure son habitat : les récifs.On peut en trouver cependant jusqu’à environ 30 mètres de fonds voir à l’air libre à marée basse.
– L’ostrea edulis est une espèce ingénieur. La première année les larves, juvéniles d’ostrea edulis, s’accrochent aux substrats[1] et aux coquilles de leurs congénères, puis s’agrègent, année après année, pour aboutir à une formation récifale.
Avec mes copines nous formons un récif qui n’a rien à envier aux récifs de coraux. C’est une vraie cité merveilleuse, peuplée d’une multitude d’espèces avec qui nous formons un écosystème de la plus grande importance.
– Les récifs d’ostrea edulis favorisent la génération d’écosystèmes[1] et le développement de la biodiversité. Ils agissent sur nos côtes comme les récifs de coraux en zone tropicale. Apparentés par les scientifiques à des forêts sous-marines, ils offrent à une grande variété d’espèces, de poissons, de crustacés, d’organismes filtreurs…, protection, zone de reproduction, nourriture, ou habitat. Les récifs d’ostrea edulis servent aussi d’ancrage pour les algues.
L’impact positif face au changement climatique, des récifs d’ostrea edulis:
Savez-vous que je couvrais le port de New-York[i] et que grâce à moi il était clair et propre ? Je suis la reine des filtreuses, j’alerte sur les pollutions et mes récifs cassent la puissance des vagues ravageuses.
– Les huîtres fixent le carbone dans leurs coquilles.
– Immergés au-delà de l’estran, les ostrea edulis filtrent l’eau. Une huître plate adulte peut filtrer entre 5 et 10 litres d’eau par heure. Elles réduisent sa turbidité.
– Elles ont un rôle de lanceur d’alerte sur l’état de santé de l’écosystème côtier, c’est une espèce sentinelle, notamment concernant les pollutions d’origine humaine.
– Les récifs auto-régénérés augmentent la rugosité des fonds marins au-delà de l’estran. Ils participent à réduire la puissance des vagues de submersion, protégeant ainsi le trait de côte.
Régénération et pêche raisonnée en plongée cohabitent à partir de la quatrième année.
Et oui, je ne suis pas que belle. Je suis également délicieuse. La Biocénose[i] se développe naturellement autour de moi et constitue la base d’une permaculture[ii] marine
– Pour un développement durable et pour préserver les récifs, la pêche se fait en plongée de manière raisonnée dès la quatrième année. C’est une proposition de production ostréicole, agro-écologique, sans drague.
– Les pêcheurs plongeurs, sous le contrôle des comités des pêches, participent au cours de leurs sorties, à assurer un suivi régulier, de la croissance des récifs.
– Le nombre de licences octroyées pour la pêche en plongée est très inférieur à la demande, due à un manque de sites exploitables.
Sécuriser une ressource alimentaire supplémentaire sauvage, naturelle et de qualité.
Je suis fière de participer à la promotion d’une alimentation, riche, saine et non polluante. Et pour les végétariens, mes voisines les algues feront leur bonheur.
– La sécurité alimentaire est un défi mondial majeur. Il est essentiel de promouvoir des sources alimentaires non polluantes et sans impact. Les récifs d’ostrea edulis, permettront de garantir une alimentation supplémentaire, saine, notamment en circuit court pour les territoires côtiers.
– Une alimentation équilibrée, diversifiée et nutritive est cruciale pour améliorer la santé mondiale.
– Les huîtres sont commercialisées dès qu’elles ont 3 à 4 ans, (taille suffisante pour la consommation).
– L’huître est un des aliments les plus riches en protéines. Une douzaine d’huîtres remplace la viande ou le poisson à un repas
Pour 8 huîtres, 100g de chair, on a* :
- 9 g de protéines
- 3,9 g de glucides
- 45mg de calcium
- Moins de 70 Kcal
- Environ 1 g de lipides, des acides gras insaturés (oméga-3) permettant de réduire le taux de mauvais cholestérol.
Riche en minéraux (zinc), oligo-éléments (fer) et en vitamines A, B, D.
[i] En écologie, une biocénose est un ensemble d’êtres vivants coexistant dans un espace écologique donné ainsi que leurs organisations et interactions. Ensemble, un biotope et une biocénose forment un écosystème. Les écologues en distinguent couramment plusieurs types, une biocénose pouvant être de type multiples.
[ii] La permaculture est, selon ses concepteurs David Holmgren et Bill Mollison, à la fois une science et un art de concevoir des écosystèmes régénératifs en s’inspirant du fonctionnement du vivant (biomimétisme ou écomimétisme)
